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ŒUVRES MÊLÉES

monastères. Quand la félicité qu’où promet aux religieux leur paroît douteuse, le mal certain qu’il faut souffrir leur devient insupportable.

La diversité des tempéraments a beaucoup de part aux divers sentiments qu’ont les hommes, sur les choses surnaturelles. Les âmes douces et tendres se portent à l’amour de Dieu, les timides se tournent à la crainte de l’enfer, les irrésolus vivent dans le doute, les prudents vont au plus sûr, sans examiner le plus vrai ; les dociles se soumettent, les opiniâtres s’obstinent dans le sentiment qu’on leur a donné, ou qu’ils se forment eux-mêmes ; et les gens attachés à la raison veulent être convaincus par des preuves qu’ils ne trouvent pas.

Quand les hommes, disoit M. Wurtz[1], auront retiré du christianisme ce qu’ils y ont mis, il n’y aura qu’une seule religion, aussi simple dans sa doctrine, que pure dans sa morale.

Comme nous ne recevons point notre créance par la raison[2], aussi la raison ne nous fait-elle pas changer. Un dégoût secret des vieux sentiments nous fait sortir de la religion

  1. Génénal des troupes hollandaises, pendant la guerre de 1672. Voy. Boileau, Passage du Rhin.
  2. Voy. le Commentaire philosophique de Bayle, sur ces paroles de Jésus-Christ : Contrains-les d’entrer. IIepart., p. 334 du tome III de ses Œuvres diverses.