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DE SAINT-EVREMOND.

dans laquelle nous avons vécu : l’agrément que trouve l’esprit en de nouvelles pensées, nous fait entrer dans une autre ; et, lorsqu’on a changé de religion, si on est fort à parler des erreurs qu’on a quittées, on est assez foible à établir la vérité de celle qu’on a prise.

La doctrine est contestée partout : elle servira éternellement de matière à la dispute dans toutes les religions ; mais on peut convenir de ce qui regarde les mœurs. Le monde est d’accord sur les commandements que Dieu nous fait et sur l’obéissance qui lui est due ; car alors Dieu s’explique à l’homme en des choses que l’homme connoît et qu’il sent. Pour les mystères, ils sont au-dessus de l’esprit humain, et nous cherchons inutilement à connoître ce qui ne peut être connu, ce qui ne tombe ni sous les sens, ni sous la raison. La coutume en autorise le discours : la seule grâce en peut inspirer la créance.

Il ne dépend pas de nous de croire ce qu’on veut, ni même ce que nous voulons. L’entendement ne sauroit se rendre qu’aux lumières qu’on lui donne ; mais la volonté doit se soumettre aux ordres qu’elle reçoit.