Page:Œuvres mêlées 1865 III.djvu/181

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nous écrivons aujourd’hui a vieilli de siècle en siècle, et est tombé comme éteint dans l’entendement de nos auteurs.

Qu’avons-nous affaire d’un nouvel auteur, qui ne met au jour que de vieilles productions ? qui se pare des imaginations des Grecs, et donne au monde leurs lumières, pour les siennes ? On nous apporte une infinité de règles qui sont faites il y a trois mille ans, pour régler tout ce qui se fait aujourd’hui ; et on ne considère point que ce ne sont point les mêmes sujets qu’il faut traiter, ni le même génie qu’il faut conduire.

Si nous faisions l’amour comme Anacréon et Sapho, il n’y auroit rien de plus ridicule ; comme Térence, rien de plus bourgeois ; comme Lucien, rien de plus grossier. Tous les temps ont un caractère qui leur est propre ; ils ont leur politique, leur intérêt, leurs affaires : ils ont leur morale, en quelque façon, ayant leurs défauts et leurs vertus. C’est toujours l’homme, mais la nature se varie dans l’homme ; et l’art, qui n’est autre chose qu’une imitation de la nature, se doit varier comme elle. Nos sottises ne sont point les sottises dont Horace s’est moqué ; nos vices ne sont point les vices que Juvénal a repris : nous devons employer un autre ridicule, et nous servir d’une autre censure.

J’ai obligation à M. de Nevers ; je cherchois