Page:Œuvres mêlées 1865 III.djvu/208

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tenu lieu de votre fortune, et vous a fait vivre plus magnifiquement dans les pays étrangers, que vous n’eussiez vécu dans le nôtre. La curiosité, la délicatesse, la propreté, le soin de votre personne, les commodités, les plaisirs ne vous ont pas abandonnée ; et si votre discrétion vous a défendu des voluptés, vous avez cet avantage, que jamais faveurs n’ont été si désirées que les vôtres.

Que trouverez-vous, Madame, où vous allez ? Vous trouverez une défense rigoureuse de tout ce que demande raisonnablement la nature, de tout ce qui est permis à l’humanité. Une cellule, un méchant lit, un plus détestable repas, des habits sales et puants remplaceront vos délices. Vous serez seule à vous servir, seule à vous plaire, au milieu de tant de choses qui vous déplairont ; et peut-être ne serez-vous pas en état d’avoir pour vous la plus secrète complaisance de l’amour-propre ; peut-être que votre beauté devenue toute inutile, ne se découvrira ni à vos yeux, ni à ceux des autres.

Cependant, Madame, cette beauté si merveilleuse, ce grand ornement de l’univers ; ne vous a pas été donné pour le cacher. Vous vous devez au public, à vos amis, à vous-même. Vous êtes faite pour vous plaire, pour plaire à tous, pour dissiper la tristesse, inspirer la joie, pour ranimer généralement