Page:Œuvres mêlées 1865 III.djvu/211

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ver beaucoup de douceur dans l’entretien de Madame la Connétable : mais, si je ne me trompe, cette douceur-là finira bientôt. Après avoir parlé trois ou quatre jours de la France et de l’Italie, après avoir parlé de la passion du Roi et de la timidité de Monsieur votre oncle, et de ce que vous avez pensé être et de ce que vous êtes devenue, après avoir épuisé le souvenir de la maison de M. le Connétable, de votre sortie de Rome et du malheureux succès de vos voyages, vous vous trouverez enfermée dans un couvent ; et votre captivité, dont vous commencerez à sentir la rigueur, vous fera songer à la douce liberté que vous aurez goûtée en Angleterre. Les choses qui vous paroissent ennuyeuses aujourd’hui, se présenteront avec des charmes, et ce que vous aurez quitté par dégoût, reviendra solliciter votre envie. Alors, Madame, alors, de quelle force d’esprit n’aurez-vous pas besoin, pour vous consoler des maux présents et des biens perdus ?

Je veux que mes pénétrations soient fausses et mes conjectures mal fondées ; je veux que la conversation de Madame la Connétable ait toujours de grands agréments pour vous : mais qui vous dira que vous en pourrez jouir librement ? Une des maximes des couvents est de ne souffrir aucune liaison entre des personnes