Page:Œuvres mêlées 1865 III.djvu/231

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Où les discours sensés de la philosophie

Partageoient les plaisirs de votre belle vie1 ?

Faites revenir ce temps heureux, où toujours maîtresse de vous-même, vous ne laissiez de liberté à personne qui valût la peine d’être assujettie. Vous le pouvez, Madame, vous le pouvez : vous avez en vous le fonds de ce mérite dérobé au monde, et nous avons notre première disposition à l’admirer, aussitôt que vous en aurez retrouvé l’usage. Rentrez donc en possession de votre esprit, reprenez cette intelligence que vous avez soumise à de moindres lumières que les vôtres.

En l’état que vous êtes présentement, vous me faites souvenir d’un prince qui se portoit mieux que son médecin : étoit plus homme de bien que son confesseur, et plus éclairé que son ministre ; cependant, tout plein de santé qu’il étoit, il n’eût osé manger d’aucune chose que par l’ordre d’un médecin languissant ; touché chrétiennement de son salut, il s’en rapportoit à un directeur qui n’avoit aucun soin du sien propre ; et très habile dans la connoissance de ses affaires, il les remettoit toutes à un conseiller qui n’y entendoit rien.

Voilà, Madame, les crimes dont vous êtes


1. Vers adressés, autrefois, par l’auteur, à la duchesse Mazarin.