Page:Œuvres mêlées 1865 III.djvu/273

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démêler l’imposture des méchants offices, d’avec les vérités dont il est besoin qu’on les informe. La raison feroit trop de violence à notre inclination et à notre humeur, s’il falloit toujours nous defier de ceux que nous aimons ou qui nous plaisent, et naturellement on ne se donne point la gêne de ces précautions-là, contre des personnes agréables, pour des indifférentes qu’on ne voit pas. Ainsi je ne m’étonne point que l’on m’ait crue telle qu’on m’a dépeinte : le roi eût été assez juste pour augmenter la pension qu’on m’a ôtée, si j’avois eté assez heureuse pour être connue de lui telle que je suis.

Cependant, malgré ce retranchement et toutes les dettes qui en sont venues, je ne laissois pas de subsister honorablement, par les grâces et les bienfaits des rois d’Angleterre. Mais à cette révolution extraordinaire, qui fera l’étonnement de tous les temps, je me suis vue abandonnée : réduite à ne chercher de ressource qu’en moi-même, où je n’en trouvois point ; exposée à la fureur de la populace, sans commerce qu’avec des gens également étonnés, qui tâchoient de s’assurer les uns les autres, ou avec des malheureux, moins propres à se consoler qu’à se plaindre ensemble. Après tant de troubles, la tranquillité enfin s’est rétablie : mais les désordres cessés ne m’ont rendu l’es-