Page:Œuvres mêlées 1865 III.djvu/29

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tice, rien n’est égal à sa suffisance, que son désintéressement et sa fermeté.

Les choses spirituelles sont conduites avec une pareille modération. La différence de religion, qui excite ailleurs tant de troubles, ne cause pas ici la moindre altération dans les esprits. Chacun cherche le ciel par ses voies, et ceux qu’on croit égarés, plus plaints que haïs, s’attirent une charité pure et dégagée de l’indiscrétion du faux zèle.

Comme il n’y a rien en ce monde qui ne laisse quelque chose à désirer, nous voyons moins d’honnêtes gens que d’habiles : plus de bon sens dans les affaires, que de délicatesse dans les entretiens. Les dames y sont fort civiles, et les hommes ne trouvent pas mauvais qu’on préfère à leur compagnie celle de leurs femmes ; elles sont assez sociables pour nous faire un amusement, trop peu animées pour troubler notre repos. Ce n’est pas qu’il n’y en ait quelques-unes de très-aimables : mais il n’y a rien à espérer d’elles, ou par leur sagesse, ou par une froideur qui leur tient lieu de vertu. De quelque façon que ce soit, on voit en Hollande un certain usage de pruderie établi partout, et je ne sais quelle vieille tradition de continence, qui passe de mère en fille comme une espèce de religion.

À la verité, on ne trouve pas à redire à la