Page:Œuvres mêlées 1865 III.djvu/423

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traiter d’Idolâtres, pour aimer à la voir représentée ? On nous ordonne de songer toujours à sa passion, de méditer toujours sur ses tourments ; et on nous fait un crime d’avoir des figures qui en entretiennent le souvenir ! on veut que l’image de sa mort soit toujours présente à notre esprit, et on ne veut pas que nous en ayons aucune devant les yeux !

Votre aversion pour les ornements de nos prêtres, et pour ceux de nos églises, n’est pas mieux fondée. Ne savez vous pas, monsieur, que Dieu prit le soin d’ordonner lui-même jusqu’à la frange des habits du grand pontife ? Nos habits pontificaux n’approchent point de ceux du grand sacrificateur ; et vous ne pardonneriez guère à nos évêques un Pectoral et de petites Clochettes, s’ils disoient la messe avec ces beaux ornements. Pour la pompe de nos églises, vous avez raison de la nommer vaine, si vous la comparez avec la magnificence solide du temple de Salomon, où l’or et l’argent auroient pu servir de pierre à la structure de ce bâtiment si somptueux. Votre austérité n’est pas moins farouche à retrancher nos musiques, qu’à condamner nos images. Vous devriez vous souvenir que David n’a rien tant recommandé aux Israelites, que de chanter les louanges du Seigneur, avec toutes sortes d’instruments. La musique des églises élève l’âme,