Page:Œuvres mêlées 1865 III.djvu/430

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cette vérité, un temple abattu en Languedoc ne vous sera pas une injure ; Charenton conservé sera un bienfait. La fureur des opinions et l’opiniâtreté des partis, ne sont pas pour un homme sage comme vous : votre honneur et votre zèle sont à couvert de tout reproche, par ce que vous avez déjà souffert ; et vous ne sauriez mieux faire, que d’aller fixer à Paris une religion errante et vagabonde, que vous avez traînée de pays en pays assez longtemps. Je vous exhorterois vainement à y renoncer, dans la disposition où vous êtes. Un sentiment comme naturel, qui se forme des premières impressions ; l’attachement qu’on se fait par les anciennes habitudes ; la peine qu’on a de quitter une créance dans laquelle on est nourri, pour en prendre une autre, où l’on a vécu toujours opposé ; une fausse délicatesse de scrupule, une fausse opinion de constance, sont des liens que vous romprez difficilement. Mais laissez à vos enfants la liberté de choisir, que vos vieux engagements ne vous laissent pas. Vous vous plaignez de l’arrêt qui les oblige de faire choix d’une religion à sept ans, et c’est la plus grande faveur qu’on leur pouvoit faire. Par là, on leur rend la patrie que vous leur aviez ôtée, on les remet dans le sein de la république d’où vous les aviez tirés, ou les fait rentrer dans le droit des honneurs et des dignités