Page:Œuvres mêlées 1865 III.djvu/439

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

quitter cette espèce de tierce personne, introduite à la cour par M. de Turenne3 et entretenue, après sa mort, par ceux de sa maison ; je la veux quitter, pour vous faire directement des reproches, qui montrent la tendresse du grand-papa. Comment avez-vous pu quitter l’Angleterre, pour aller prendre une fièvre en Hollande ? Si vous étiez demeuré à Londres, notre docteur eût empêché sûrement la maladie, par le régime ordinaire qu’il prescrit, et qu’il observe lui-même. Il vous eût fait faire, dans votre chambre, un potage de santé, avec un bon chapon, un jarret de veau, du céleri et de la chicorée. Il eût fait rôtir deux perdrix, ou trois, si j’y avois été, bien piquées, et de bon fumet. Il y auroit ajouté un hêtudeau4, et un pigeon de volière, pour chacun. Le vin de Villiers pris, modérément, eût fait partie d’une simplicité honnête, et nécessaire, pour se bien


3. Observation curieuse, et qu’on ne trouve nulle autre part, sur l’introduction de cette manière de parler.

4. Nicot ecrit hestoudeau, et le définit : un chaponneau qui n’est ne poulet, pour estre plus gros, ne chapon, pour estre plus petit. Voy. Ménage, Dict. étym., vº hétoudeau, dernière édit. La forme la plus usitée, au temps de Saint-Évremond, étoit hétudeau ; on ne trouve plus aucun de ces mots dans nos dictionnaires modernes, l’Académie les ayant supprimés, on ne sait pourquoi, dès sa première édition. Laveaux dit que hestoudeau est un vieux mot inusité. M. Didot lui a donné un souvenir dans le Complément du dictionnaire de l’Académie.