Page:Œuvres mêlées 1865 III.djvu/68

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je me dois résoudre à habiter le reste de mes jours les pays étrangers. L’espérance est la source, ou du moins une des premières causes de l’inquiétude ; et l’inquiétude n’est supportable qu’en amour, où elle a même des plaisirs, puisque, comme vous savez,

Amour,
Tous les autres plaisirs ne valent pas tes peines !

partout ailleurs c’est un grand tourment. Nous n’avons point ici l’Attila de Corneille : vous m’obligerez de me l’envoyer avec quelques pièces de Molière, s’il y en a de nouvelles : je n’ai de curiosité que pour leurs ouvrages. Les anciens ont appris à Corneille à bien penser, et il pense mieux qu’eux. L’autre s’est formé sur eux à bien dépeindre les mœurs de son siècle dans la Comédie ; ce qu’on n’avoit pas vu encore sur nos théâtres. Insensiblement me voilà savant avec vous : je vais recevoir une visite de M. Vossius, à qui je parlerai de la guerre de Flandre. Adieu, Monsieur ; j’ai banni le premier une cérémonie ennuyeuse, je vous prie de le trouver bon.

J’oubliois de vous prier d’assurer M. le comte de Grammont, que je suis ravi de le voir protecteur de la maison de Grammont[1].

  1. M. le comte de Guiche, après avoir été longtemps exilé, avoit enfin obtenu son retour en France, par le