Page:Œuvres mêlées 1865 III.djvu/7

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vous aurez de la peine à vous persuader que je souffre un rival, sans jalousie. Mais peut-être ne savez-vous pas que si je n’ose me plaindre de vous, pour vous aimer trop, je n’oserois me plaindre de lui, pour ne l’aimer guère moins ; et s’il faut de nécessité me mettre en colère, apprenez-moi contre qui je me dois fâcher davantage, ou contre lui, qui m’enlève une maîtresse, ou contre vous, qui me volez un ami.

Quoi qu’il en soit, ne vous mettez pas en peine de m’apaiser. J’ai trop de passion pour donner rien au ressentiment ; ma tendresse l’emportera toujours sur vos outrages. J’aime la parfide, j’aime l’infidèle, et crains seulement qu’un ami sincère ne soit mal avec tous les deux. Adieu.


II.

À LA MÊME.

Je pensois que vous m’aviez oublié ; mais par une conduite plus fine et plus ingénieuse, vous me traitez comme si vous commenciez à me connoître.

À vous dire le vrai, je n’ai jamais vu lettre si civile, et qui oblige si peu que la vôtre : vous