Page:Œuvres mêlées 1865 III.djvu/71

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de lui ; car pour le mérite, il est déjà pleinement formé, et il n’est pas besoin de rien attendre de ce côté-là.

À peine ai-je eu le loisir de jeter les yeux sur Andromaque[1], et sur Attila[2] : cependant il me paroît qu’Andromaque a bien de l’air des belles choses ; il ne s’en faut presque rien qu’il n’y ait du grand. Ceux qui n’entreront pas assez dans les choses, l’admireront : ceux qui veulent des beautes pleines, y chercheront je ne sais quoi qui les empêchera d’être tout à fait contents. Vous avez raison de dire que cette pièce est déchue par la mort de Monfleury ; car elle a besoin de grands comédiens qui remplissent par l’action ce qui lui manque. Mais à tout prendre, c’est une belle pièce, et qui est fort au-dessus du médiocre, quoique un peu au-dessous du grand. Attila au contraire a dû gagner quelque chose par la mort de Montfleury. Un grand comédien eût trop poussé un rôle assez plein de lui-même, et eût fait faire trop d’impression à sa férocité sur les âmes tendres. Ce n’est pas que cette tragédie n’eût été admirable du temps de Sophocle et d’Euripide, où l’on avoit plus de goût pour la scène farouche et sanglante, que pour la douce et la

  1. Tragédie de Racine.
  2. Tragédie de Corneille.