Page:Œuvres mêlées 1865 Tome I.djvu/116

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Rochefoucauld sont sorties du salon de Mme de Sablé. « La Rochefoucauld, dit-il, n’y a pas introduit le goût de ce genre d’occupation, il l’y a trouvé établi. » Ailleurs, M. Cousin nous dit qu’il y a des pensées de Pascal qu’on diroit appartenir à La Rochefoucauld. Telle est celle du nez de Cléopatre. En effet, en fréquentant le salon de Mme de Sablé, à Port-Royal, Domat et Pascal y trouvèrent tellement en faveur le goût des Sentences et Maximes, qu’ils n’échappèrent point à l’influence régnante. Les Pensées de Pascal ne sont qu’une forme des Maximes à la mode. Or, c’est en 1654, M. Cousin a démontré cette date, que Mme de Sablé quittoit le Marais pour Port-Royal. Pascal étoit alors dans le voisinage, car les Provinciales ont été composées rue des Poirées, en face même du collège de Clermont. Et, à cette date de 1654, ou 1655, Saint-Évremond composoit la Conversation du maréchal d’Hocquincourt, après laquelle il ne pouvoit plus se présenter chez des jansénistes qu’il avoit persiflés, à l’égal des jésuites. D’ailleurs, la cessation des assiduités de Saint-Évremond chez Mme dé Sablé, pourroit bien dater de l’époque (1648-1650) où elle fit à M. de Maisons cette vente simulée de Sablé qui la brouilla avec son fils le marquis de Boisdauphin, l’un des amis particuliers de Saint-Évremond16. Quoi qu’il en soit, le rapport intime de la Maxime de Saint-Évremond avec ce qui se passoit au salon de Mme de Sablé, nous étant démontré, il faut que la composition de la Maxime soit antérieure à l’année 1654,


16. Voy. Tallemant, III, p. 139, et cf. M. Paulin Paris ibid., p. 152, avec M. Cousin, Madame de Sablé.