Page:Œuvres mêlées 1865 Tome I.djvu/120

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heureux que d’Harcourt, dans l’entreprise du siége de Lérida, et il épuisa la campagne en manœuvres et en mesures de conservation, qui ajoutèrent à sa renommée le mérite de la prudence, mais sans éclat nouveau pour sa gloire. Il repartit pour la France, au mois de novembre, assez maître de lui-même pour sauver les formes avec le cardinal, mais au fond mécontent du personnage qu’il avoit joué et dont il faisoit remonter la faute au cardinal. Après s’être arrêté quelques jours en Bourgogne, il vint rejoindre la cour ; et cajolé par Mazarin, il reçut le commandement de l’armée de Flandre, pour la campagne suivante, illustrée par la journée de Lens, sans se douter de la secrète pensée d’Anne d’Autriche et de Mazarin, lorsqu’ils lui en offrirent les honneurs.

Le 24 octobre 1648, fut signé l’acte final du congrès de Westphalie, et la politique du cardinal Mazarin, en ce qui touche la conduite des affaires de la France avec l’Europe, y obtint un triomphe éclatant. Jamais la diplomatie françoise n’avoit eu de plus grand succès. La gloire en revient tout entière à l’habileté du cardinal ; Saint-Évremond est du petit nombre de ceux qui rendirent justice au ministre envers qui le pays fut si peu reconnoissant.

Qu’il me soit permis, à ce sujet, de rectifier une erreur dans laquelle sont tombés quelques écrivains qui ont retracé les divers événements de la guerre de la Fronde. Cette révolte étourdie auroit, selon eux, compromis les intérêts de la France à Munster ; et notamment elle auroit empêché l’Espagne de signer le traité, dans l’espoir de profiter