Page:Œuvres mêlées 1865 Tome I.djvu/147

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(1647). « Vouloir se persuader l’immortalité de l’âme par la raison, c’est entrer en défiance de la parole que Dieu nous en a donnée, et renoncer en quelque façon, à la seule chose par qui nous pouvons en être assuré. » En un autre endroit, Saint-Évremond dit : « À moins que la foi n’assujettisse notre raison, nous passons la vie à croire et à ne croire point : à nous vouloir persuader et à ne pouvoir nous convaincre. » La précaution de Charron eut tous les sceptiques pour imitateurs.

Théophile employoit un expédient de ce genre, quand il publioit sa paraphrase, moitié vers, moitié prose, du Phædon de Platon, qu’il intituloit : Traicté de l’immortalité de l’âme ; ce qui donna sujet au P. Garasse de mettre en garde la justice et le public, contre la ruse perfide du poëte, à laquelle, selon lui, il ne falloit point se laisser prendre ; et, en effet, le réquisitoire du procureur général, Mathieu Mole, fait grief à Théophile d’avoir traité payennement un sujet aussi chrétien que celui de la destinée de l’âme humaine.

La Mothe le Vayer, qui est l’intermédiaire entre Charron et Saint-Évremond, tient exactement le même langage que ce dernier. Tous cherchent à désintéresser la foi, et à l’isoler de la spéculation philosophique ; mais il est évident que ce n’est point pour l’intérêt de la foi que leur esprit s’agite. Le but des sceptiques a pu être seulement de séculariser la morale ; mais sous le prétexte de séparer la raison de la foi, la Prud’homie de la religion, ils ont détruit la psychologie, et la sanction de la morale.

Écoutons encore Charron : « C’est une chétive et