Page:Œuvres mêlées 1865 Tome I.djvu/185

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dont le gouvernement de la Reine et de Mazarin étoient l’objet. La passion vint à ce point que cet avènement de la régence, salué avec acclamation, comme la délivrance d’une insupportable tyrannie, fut un moment plus détesté que ne l’avoit jamais été peut-être la régence, comme on disoit, du cardinal de Richelieu. À l’irritation de tous les partis trompés, se joignoit un mépris personnel pour l’homme, alors signalé comme un autre Concini : mépris que n’avoit jamais inspiré Richelieu. Des pamphlets faisoient hautement appel à un cœur de Vitry. On se réjouissoit même d’un succès de l’ennemi, par exemple, de la levée du siége de Lerida. La fière Anne d’Autriche avoit peine à contenir son courroux, devant tant de folies, tant d’insolences, et tant de prétentions.

Elle essaya d’abord des moyens employés par Richelieu ; mais la main n’étoit plus la même. Beaufort et Fiesque furent exilés pour leurs jactances ; une ordonnance défendit de parler des affaires d’État. Les salons n’affichèrent pas moins la désobéissance, et le pouvoir compromis fut obligé de reculer devant des femmes. Les embarras d’argent, pour lesquels on avoit besoin du Parlement, augmentèrent les difficultés. Les impôts nécessaires à l’entretien d’une guerre qu’on reprochoit au ministre de n’avoir pas terminée aussitôt, ni aussi avantageusement qu’il le pouvoit, à Munster, parurent à quelques esprits remuants un prétexte plausible pour leur ambition, couverte du voile du bien public. Les magistrats donnèrent, judiciairement, le signal de la révolte, et une crise devint imminente. Ce fut à cet instant que Saint-Évre-