Page:Œuvres mêlées 1865 Tome I.djvu/189

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sur leur influence personnelle en ce pays, où les suffrages de la noblesse leur sembloient acquis1. Dès que la Reine eut quitté Paris, dans la nuit du 6 janvier, et que, par cet acte éclatant, elle eut, en quelque sorte, donné le branle aux résolutions extrêmes, le duc fut empressé de partir de Paris pour aller soulever la Normandie et faire prononcer le parlement. S’il pouvoit entraîner sa province, les affaires de la cour de Saint-Germain étoient fort compromises. On voit dans le Journal de D’Ormesson2, et dans les registres du parlement de Rouen combien le départ du duc de Longueville fut désiré à Paris, et combien, en Normandie, il lui fut difficile d’ébranler un pays, habituellement très-avisé dans la conduite de ses affaires.

En effet, dès le début des troubles de Paris, la ville de Rouen, qui vouloit se maintenir en état de prendre le parti qui lui seroit le plus avantageux, avoit d’abord fait mine de se vouloir conserver pour le roi ; et cependant elle avoit mis les bourgeois en armes et fait garder les portes. Le parlement étoit divisé : les uns tenant pour la Reine, les autres pour l’union avec le parlement de Paris. Le premier président, Faucon de Ris, dont Tallemant nous a laissé quelque souvenir, étoit serviteur du roi, mais sans crédit dans la compagnie. Aussitôt que la Reine vit le duc de Longueville se prononcer pour la Fronde, elle envoya d’Épinay de Saint-Luc, qui lui


1. Voy. Saint-Aulaire, Hist. de la Fronde, t. I, p. 274.

2. Voy. l’Histoire du Parlement de Normandie, de M. Floquet, t. V, p. 208 et suiv. — D’Ormesson, édit. de M. Chéruel, t. I, p. 638 et suiv. jusqu’à 682. — Saint-Aulaire, Hist. de la Fronde, t. I, p. 222 à 234.