Page:Œuvres mêlées 1865 Tome I.djvu/212

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tune pour les mauvais jours. Le régime des troupes en campagne étoit bien loin alors d’être aussi régulier qu’il l’est devenu au dix-neuvième siècle. Pour s’en faire une idée, il n’y a qu’à lire, dans Loret, les détails qu’il nous a conservés, sur les habitudes des troupes allemandes, amenées par le duc de Lorraine jusqu’aux portes de Paris, à titre d’auxiliaires de la Fronde ; et c’étoient des amis16 !

Il resteroit à expliquer un fait très-singulier : pourquoi et comment, après le retour des généraux du Roi, à Paris, Saint-Évremond fut-il mis à la Bastille ? Des Maizeaux et Silvestre varient légèrement dans leurs versions. Voici celle de des Maizeaux :

« Après la réduction de la Guienne, M. de Saint-Évremond fut mis à la Bastille, où il demeura deux ou trois mois. Quelques railleries contre le cardinal Mazarin, faites dans une compagnie où il s’étoit trouvé, et où il n’avoit pas eu plus de part que les autres, en fournirent le prétexte ; mais en voici la véritable raison. Lorsqu’on parla d’un a accommodement avec la Guienne, le cardinal vouloit qu’on s’adressât aux créatures qu’il avoit dans le parti des princes ; mais le duc de Candale crut devoir traiter avec les amis de l’évéque d’Agen, qui avoient chassé le duc d’Épernon. Il prévit bien qu’étant les plus forts, leur suffrage entraîneroit celui des autres : ce qui arriva effectivement. Le cardinal, piqué au vif de ce manque de déférence, s’imagina que M. de Saint-Évremond avoit donné ce conseil au duc de Candale, et résolut de l’en punir. Cependant, lorsque M. de


16. Loret, édit. citée, p. 205, 210, 215, 222 et 252.