Page:Œuvres mêlées 1865 Tome I.djvu/258

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crédit ou en lumière, dont la plupart lui étoient chers, par les liens de l’amitié. Parfaitement discret dans le récit de leurs attachements, il nous montre ce fameux trio d’amis, auquel le monde prit tant d’intérêt : Candale, Moret et La Vieuville. Les amours de M. de Vardes, frère de Moret, supplanté, à certain jour, par Candale, auprès de Mme de Saint-Loup, brouillèrent les trois amis. Le beau Candale, ce ravageur des âmes féminines, devint un personnage politique, et Saint-Évremond donna de profonds conseils au fils du duc d’Épernon. Suivent les portraits de leurs amis les plus particuliers, dessinés en traits charmants : Palluau, Miossens, sur lesquels, comme sur Candale, cette peste de Tallemant a passé des ombres moins flatteuses ; le maréchal de Créqui, aussi fidèle en amitié qu’héroïque à la guerre ; enfin Ruvigny, la Rochefoucauld et M. de Turenne.

Le langage de Saint-Évremond à l’égard de la Rochefoucauld est d’autant plus remarquable, qu’ils ont tous deux suivi des partis différents, pendant la fronde. Je laisse parler notre auteur.

« La prison de M. le Prince a fait sortir de la cour une personne considérable, que j’honore infiniment ; c’est M. de la Rochefoucauld, que son courage et sa conduite feront voir capable de toutes les choses où il veut entrer. Il va trouver de la réputation où il trouvera peu d’intérêt ; et sa mauvaise fortune fera parôitre un mérite à tout le monde, que la retenue de son humeur ne laissoit connoître qu’aux plus délicats. En quelque fâcheuse condition où sa destinée le réduise, vous le verrez également éloigné de la faiblesse et de la fausse fermeté ; se possédant