Page:Œuvres mêlées 1865 Tome I.djvu/264

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églises reformées ; et enfin l’ami plus particulier encore de Mlle de Rohan qui le sacrifia, un beau matin, au galant et rusé Chabot. Le roman de Ruvigny et de Mlle de Rohan, resté mystérieux pour les contemporains, grâce à la galante discrétion de toute cette jeunesse de bonne compagnie, n’a été dévoilé que de nos jours, par la publication des Historiettes. Saint-Évremond, qui n’a pu l’ignorer, en avait gardé le secret. Tallemant eût très-bien fait de l’imiter. Ruvigny avoit été si discret, que personne ne se douta de son commerce avec cette jeune héroïne, pendant neuf ans qu’il a duré ; mais cet amant qui avait caché avec tant de soin sa bonne fortune et son dépit à ses amis les plus intimes : à Cinq-Mars qui partageoit son logis et son lit, à Jarzay, voisin de Saint-Évremond au petit Saint-Antoine, à Candale, à Saint-Preuil, à Bautru, à Palluau, à Miossens ; Ruvigny aura conté, dans quelque longue soirée d’hiver, son aventure amoureuse à son beau-frère, qui en a fait l’usage qu’on connoît. Au demeurant, cette historiette de mesdames de Rohan, si agréablement commentée par M. P. Paris, est peut-être le tableau le plus piquant et le plus vrai que nous ayons des habitudes et des mœurs de la société de la place Royale, à laquelle Mme Pilou, donnant ce bon conseil, suivi par les plus avisées: Amusez-vous, mais n’écrivez pas, oublia d’ajouter : et gardez-vous des confidents.

Ruvigny étoit rousseau, pas bel homme, mais renommé par toutes sortes de bravoures, auprès des dames ; habile, intrépide à la guerre: estimé de Gassion, contre lequel il se battit ; de la Meilleraye,