Page:Œuvres mêlées 1865 Tome I.djvu/298

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la désinvolture ni le cynisme ; et tout ce qui s’écartoit des bienséances, elle l’avoit en horreur. Mais pour les menaces, les calomnies, les périls, on peut y croire. Elle avoit, parmi les rigoristes, des ennemis violents, acharnés, et plus de Condé pour la défendre. Peut-être, afin de leur échapper, avoit-elle quitté Paris, en cette année 1656 ; car il est certain que la reine Christine de Suède, désirant la voir et la connoître, la fut chercher aux champs. Le témoignage de la sévère Mme de Motteville ne nous laisse aucun doute, sur cette visite. « (La reine Christine) dit-elle, partit de Compiègne le 23 de septembre 16S6. La reine la fit conduire à deux lieues de là, et ces deux princesses se séparèrent avec quelques marques d’attendrissement. Le marquis de Saint-Simon la traita à Senlis, et M. et Mme du Plessis la reçurent à leur belle maison de Fresnes, avec une magnificence extraordinaire. Passante un certain bourg, proche de ce lieu, elle voulut voir une demoiselle (fille noble) qu’on appeloit Ninon, célèbre par son vice, par son libertinage et la beauté de son esprit. Ce fut à elle seule, de toutes les femmes qu’elle vit en France, à qui elle donna quelques marques d’estime. Le maréchal d’Albret et quelques autres en furent cause, par les louanges qu’ils donnèrent à cette courtisane de notre siècle. »

Or, c’est l’année 1656 même, que le journal anonyme assigne comme date de la réclusion aux Madelonnettes. Si la réclusion avoit précédé la visite, Mme de Motteville ne l’auroit pas ignorée, et n’auroit manqué de le dire. Elle aimoit trop peu et Ninon et Christine pour s’en gêner. Loin d’être aux Ma-