Page:Œuvres mêlées 1865 Tome I.djvu/304

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face, et les jardins de l’hôtel de Lesdiguières, depuis lors couverts de maisons si mesquines.

La façade de la maison des Mansart, du côté du jardin, est restée parfaitement en état. L’architecture en est riche, noble, élégante ; c’est un monument de l’art. Du côté de la rue, la cour d’entrée a été encombrée par des constructions élevées sur le portail, qui a été changé. Mais la façade de la maison, sur la cour, est demeurée avec son ancienne porte à colonnes un peu lourdes, et son balcon en pierre, du même style. L’intérieur a été conservé autant que le permettoit la nécessité de retirer un revenu d’un immeuble tombé dans le commerce. Le vestibule a reçu quelques décorations modernes, mais on y peut remarquer encore de beaux mascarons en cariatides, qui sont du temps des Mansart. Le rez-de-chaussée donnoit à Ninon une petite salle de spectacle, prenant jour sur le jardin, convertie aujourd’hui en bureaux, et où Molière a certainement joué plus d’une fois, devant la société choisie d’une femme dont il fut l’intime ami. À gauche est un boudoir charmant, dont les peintures, au plafond, ont été soigneusement ménagées. L’antichambre, sur la cour, formoit salle à manger. L’escalier n’a subi d’autre changement que celui des premières marches, péries de vétusté, et de la rampe en pierre, remplacée par une rampe médiocre, de notre temps. Le médaillon de Louis XIV est encore à sa place, et les degrés qu’ont franchis si souvent, Molière, la Rochefoucauld, Saint-Évremond, Mme de la Fayette, Mme Scarron et tous les illustres du siècle, vous