Page:Œuvres mêlées 1865 Tome I.djvu/314

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elle rassemble tout, sur ses vieux jours, et les hommes et les femmes ; mais quand elle n’auroit présentement que les femmes, elle devroit se consoler de cet arrangement, ayant eu les hommes, dans le bel âge pour plaider. Bien qu’il paroisse assuré qu’à un certain moment de compromission, qu’on me pardonne le mot, la bonne compagnie se soit un peu retirée de Mlle de Lenclos, il est prouvé qu’elle lui est revenue, et bientôt. Lorsque des personnages comme le grand Condé donnoient l’exemple public que l’on connoît, la disgrâce de Ninon auprès des grands salons ne pouvoit être de durée. Elle en vint elle-même à se montrer difficile avec des femmes un peu plus compromises qu’elle, quoique moins célèbres, Mme de Lescalopier, par exemple. Élevée au Marais, Ninon avoit, dans sa jeunesse, été bien accueillie chez la princesse de Guemenée, chez la duchesse de Rohan, la marquise de Piennes, la maréchale de Bassompierre, cousine de Saint-Évremond ; chez Mmes de Maugiron, de Villequier, de Nouveau, du Lude, de Bois-Dauphin l’incomparable, et de Grimault. Lorsqu’elle revint au quartier du Marais, elle y trouva des changements, dans les choses et dans les personnes, mais le même sentiment de bienveillance, et le même empressement.

La politesse étoit, d’ailleurs, de fraîche date dans ces salons, où l’on trouvoit encore quelquefois des grossièretés campagnardes, et des brutalités féodales, comme celles de grands seigneurs qui donnoient des soufflets à leurs femmes, en public. L’autorité de Ninon de Lenclos, en fait d’usage ; sa supériorité d’esprit, ses manières admirables, firent rechercher sa compagnie, comme une école