Page:Œuvres mêlées 1865 Tome I.djvu/324

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son chemin, qui, aux yeux des plus clairvoyants, étoit déjà celui d’une plus haute fortune. La société de Mme Scarron, pendant la vie de son époux, fut à peu près celle de Ninon de Lenclos. On y remarquoit de plus M. de Turenne, leur voisin du coin de la rue Saint-Claude, le marquis de la Sablière, la duchesse de Lesdiguières, Pellisson, Ménage, Mme Fouquet, Mme de Sévigné. Scarron, qui étoit fort impertinent, écrivoit à M. de Villette : « on fait dire tous les jours aux princes, ducs et officiers de la Couronne qu’il n’y a personne. » L’esprit de Mme Scarron fesoit les frais principaux ; elle imposoit et charmoit.

Que faut-il penser de ses amours avec Villarceaux26 ? d’un portrait fort extraordinaire qu’on prétend exister encore à Villarceaux, et d’une lettre assez compromettante, récemment imprimée par M. Feuillet de Conches, et reproduite, sous toutes réserves, dans le troisième volume de ses Œuvres mêlées ?

Quant aux amours, ce que j’en pense, c’est que tout est possible, mais, que le mystère de ceux de Mme Scarron est demeuré impénétrable aux plus malins. Il n’est ni juste, ni de bon goût, de chercher plus avant. Voilà pour les curieux.

Quant au portrait, que je n’ai pas vu, ni pu voir, je le tiens pour apocryphe, ou l’œuvre de l’indélicatesse. Apocryphe, parce que les mœurs et les habitudes des femmes bien élevées de cette époque, ne permettent pas de supposer une complaisance de


26. Ai-je besoin de dire que la Correspondance secrète entre Ninon de Lenclos, M. de Villarceaux et Mme de Maintenon, publiée en 1789, in-8º, par M. de Ségur jeune, est de pure imagination.