Page:Œuvres mêlées 1865 Tome I.djvu/335

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tout le monde a voulu être son ami. L’autre a été honnête dans la pauvreté : constante dans le malheur, mais trop habile à saisir la fortune, et peut-être cruelle pour la conserver. Mme Scarron méritoit la sympathie ; Mme de Maintenon n’a plus trouvé que la froideur d’abord, Mme de Sévigné en est témoin, et puis les emportements de l’opinion irritée.

Selon une autre tradition, Mlle de Lenclos, malgré sa résolution de rester dans la retraite, auroit cédé au désir exprimé par Louis XIV de la connoître, et une rencontre du monarque lui auroit été ménagée, par son ancienne amie, dans la tribune de la chapelle de Versailles. On expliqueroit ainsi le médaillon de Louis XIV, dans l’hôtel de la rue des Tournelles. Je ne crois pas plus à cette anecdote, qu’à tout le reste. Ce qui convenoit le mieux à l’intérêt de Mme de Maintenon, c’est la conduite indiquée par Saint-Simon, et c’est à coup sûr celle qu’elle a gardée. Cette histoire doit donc être mise au rang des contes accumulés sur Anne de Lenclos ; tels que la visite du P. Bourdaloue, aussi indigne de ce vertueux prêtre, que de l’honnêteté privée de Mlle de Lenclos ; et la vision du noctambule dont il n’y a pas plus d’apparence, que du pacte qu’on prétendoit qu’elle avoit fait avec le diable. J’en dirois autant de la fin tragique d’un des deux enfants qu’on a donnés à Ninon, lequel devenu amoureux d’elle, sans la connoître, se seroit tué de désespoir, après avoir appris le secret de sa naissance : catastrophe à laquelle on prétend que Lesage a fait allusion dans un de ses romans. Il n’y a aucune trace contemporaine d’un événement qui, tel