Qui dans votre cœur s’est formée
De concert avec la raison.
D’une amoureuse sympathie
Il faut, pour arrêter le cours,
Arrêter celui de nos jours :
La fin est celle de la vie. »
Mlle de Lenclos a eu la douleur de perdre Saint-Évremond en 1703, et lui a survécu deux ans seulement. Elle lui écrivoit, au sujet de la mort prématurée de la duchesse Mazarin : « Quelle perte pour vous ! Si on n’avoit pas à se perdre soi-même, on ne se consoleroit jamais.... Encore si l’on pouvoit penser comme Mme de Chevreuse, qui croyoit, en mourant, qu’elle alloit causer avec tous ses amis, en l’autre monde33 ! » Dangeau, en mentionnant, dans son Journal, la mort de Ninon, dont il étoit l’ami, ajoute : « Quoiqu’elle fût fort vieille, elle avoit conservé tant d’esprit et de raison, que les meilleures compagnies de Paris s’assembloient tous les jours chez elle. » (19 octobre 1705.)
Durozoir a raconté qu’un des amis de Ninon refusant de voir son curé dans sa dernière maladie, elle lui mena ce prêtre, à qui elle dit : « Monsieur, faites votre devoir. Je vous assure que, quoiqu’il raisonne, il n’en sait pas plus que vous et moi34. » Lorsqu’elle
33. Une nouvelle édition de la Correspondance authentique de Ninon de Lenclos avoit été annoncée, il y a deux ans, dans le Bulletin du bibliophile, par un homme de lettres, qui faisoit un appel à tous ceux qui possédèrent des documents originaux relatifs à cette femme célèbre. Il seroit regrettable qu’une entreprise aussi intéressante fût abandonnée.
34. Voy. Biogr. universelle, art. Ninon de Lenclos.