Page:Œuvres mêlées 1865 Tome I.djvu/392

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des Œuvres de M. de Saint-Évremond, augmentée de plusieurs pièces curieuses, que le public n’a point encore vues, et que j’ai retirées des mains de quelques personnes de qualité, à qui il les avoit lui-même données. Tout le monde connoit la beauté du génie de M. de Saint-Évremond. Son nom suffit pour donner de la réputation aux ouvrages d’esprit ; et ceux-ci le portent à plus juste titre que plusieurs autres qu’on lui a attribués, et qui ont eu cependant beaucoup de cours, par cette heureuse prévention. Ceux qui savent combien les curieux ont de peine à se dessaisir des moindres ouvrages qui sont partis de sa plume, demeureront d’accord qu’il n’a pas fallu peu de soin pour en ramasser un aussi gros volume que celui-ci… Je ne dissimulerai point que, parmi le grand nombre de pièces qu’on m’a données, comme véritablement de lui, il y en a quelques-unes qui m’ont paru douteuses, etc. »

L’universalité de la langue françoise a procuré plus de succès, à ces ouvrages, hors de France, qu’à Paris même, où l’auteur, ne pouvant ni jouir ni profiter de la faveur populaire, ne l’a ni recherchée, ni cultivée. L’estime qu’il a obtenue, dans les régions élevées de l’esprit françois, n’est point descendue dans la zone inférieure du public proprement dit ; il faut reconnoître, d’ailleurs, que la nature des ouvrages de Saint-Évremond s’y prêtoit peu. Il est donc demeuré, pour la masse de ses compatriotes, et surtout pendant la guerre de dix ans qui a suivi l’avènement de Guillaume d’Orange au trône d’Angleterre, presque à l’état d’écrivain étranger ; et comme, par des raisons que nous