Page:Œuvres mêlées 1865 Tome I.djvu/451

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Monseigneur, et ne rends pas moins de services à Dieu, dans le camp, que je ne lui en rendrois, au collége de Clermont. Vous pouvez donc aimer la guerre innocemment. Aller à la guerre, est servir son prince ; et servir son prince, est servir Dieu. Mais pour ce qui regarde madame de Montbazon, si vous l’avez convoitée, vous me permettrez de vous dire que vos désirs étoient criminels. Vous ne la convoitiez pas, Monseigneur, vous l’aimiez d’une amitié innocente !… »

« Quoi ! mon Père, vous voudriez que j’aimasse comme un sot ? Le maréchal d’Hocquincourt n’a pas appris, dans les ruelles, à ne faire que soupirer. Je voulois, mon Pere, je voulois… vous m’entendez bien ! »

« Je voulois ! Quels je voulois ! En vérité, Monseigneur, vous raillez de bonne grâce. Nos Pères de Saint-Louis seroient bien étonnés de ces je voulois ! Quand on a été longtemps dans les armées, on a appris à tout écouter. Passons, passons : vous dites cela, Monseigneur, pour vous divertir. »

« Il n’y a point là de divertissement, mon Père : savez-vous à quel point je l’aimois ? »

« Usque ad aras, Monseigneur. »

« Point d’aras, mon Père. Voyez-vous, dit le maréchal, en prenant un couteau dont il serroit le manche, voyez-vous, si elle m’avoit