Page:Œuvres mêlées 1865 Tome I.djvu/491

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à tout le monde, et vous en avez eu ce que vous devez en avoir. »

Ce fut là que nos patients crurent être à la fin de tous leurs maux. Ce jour leur parut comme le premier de leur mariage, et la nuit fut attendue avec la même impatience que celle de leurs noces l’avoit été autrefois. Elle vint cette nuit tant désirée ; mais, hélas ! qu’elle répondit mal à leurs désirs !… Je laisse à l’imagination du lecteur la confusion de leur aventure…

Heureusement, pour le mari, la femme accusa les démons innocents ; et le prophète fameux ne fut plus, à son égard, qu’un pauvre Hibernois, qui n’avoit pas la vertu de venir à bout d’un feu follet…

« Il y a longtemps, dit-elle brusquement, et comme si elle avoit été inspirée, il y a longtemps que la simplicité de l’Irlandois amuse la nôtre, et je crois bien que nous attendrions vainement de lui notre guérison ; mais, ce n’est pas assez d’être détrompés, la charité nous oblige à détromper les autres, aussi bien que nous, et à faire connoître sa vanité ou sa sottise. »

« Ma mie, reprit le mari, il n’y a rien de si vrai, que le malheur de cette nuit est un pur ouvrage de nos démons. L’Irlandois s’étoit voulu moquer d’eux, ils ont voulu se moquer de lui, et de nous, à leur tour. Vous me con-