Page:Œuvres mêlées 1865 Tome I.djvu/51

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COLLETET.

Et vous, Monsieur Godeau, vous me rompez la tête.

Une autre scène, fort spirituelle, se lit au second acte, où Chapelain est représenté seul, et, dans le feu de la composition, exprimant dans ces vers son ardeur ridicule :

Tandis que je suis seul, il faut que je compose
Quelqu’ouvrage excellent, soit en vers, soit en prose.
La prose est trop facile ; et son bas naturel
N’a rien qui puisse rendre un auteur immortel :
Mais d’un sens figuré la noble allégorie
Des sublimes esprits sera toujours chérie.
Par son divin pouvoir, nos écrits triomphants
Passent de siècle en siècle, et bravent tous les ans.
Je quitte donc la prose et la simple nature,
Pour composer des vers où règne la figure.

Qui vit jamais rien de si beau,

(Il me faudra choisir, pour la rime, flambeau.)

Que les beaux yeux de la Comtesse ?

(Je voudrois bien ici mettre en rime, Déesse.)

Qui vit jamais rien de si beau,
Que les beaux yeux de la Comtesse ?
Je ne crois pas qu’une Déesse
Nous éclairât d’un tel flambeau.
Aussi, peut-on trouver une âme
Qui ne sente la vive flamme
Qu’allume cet œil radieux ?

Radieux me plaît fort : un œil plein de lumière,
Et qui fait sur nos cœurs l’impression première,
D’où se forment enfin les tendresses d’amour.
Radieux ! J’en veux faire un terme de la Cour.