Page:Œuvres mêlées 1865 Tome I.djvu/510

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autres. Comme il nous explique particulièrement l’homme, les jeunes et les vieux aiment à se trouver en lui, par la ressemblance des sentiments. L’espace qui sépare ces deux âges, nous éloigne de la nature, pour nous donner aux professions ; et alors nous trouvons, dans Montagne, moins de choses qui nous conviennent. La science de la guerre fait l’occupation du général ; la politique, du ministre ; la théologie, du prélat ; la jurisprudence, du juge. Montagne revient à nous, quand la nature nous y ramène, et qu’un âge avancé, où l’on sent véritablement ce qu’on est, rappelle le prince, comme ses sujets, de l’attachement au personnage, à un intérêt plus proche et plus sensible de la personne.

Je n’écris point ceci par un esprit de vanité, qui porte les hommes à donner au public leurs fantaisies. Je me sens, en ce que je dis, et me connois mieux par l’expression du sentiment que je forme de moi-même, que je ne ferois par des pensées secrètes, et des réflexions intérieures. L’idée qu’on a de soi, par la simple attention à se considérer au dedans, est toujours un peu confuse : l’image qui s’en exprime au dehors est beaucoup plus nette, et fait juger de nous plus sainement, quand elle repasse à l’examen de l’esprit, après s’être présentée à nos yeux. D’ailleurs, l’opinion flatteuse de notre