Page:Œuvres mêlées 1865 Tome I.djvu/535

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ne sont jamais d’elle, à le bien prendre ; elles sont de l’humeur de ceux qui pensent la pratiquer. Comme ces sortes de punition sont de la justice, sans rigueur, le pardon en est aussi, en certaines occasions, plutôt que de la clémence. Dans une faute d’erreur, pardonner est une justice, à notre nature défectueuse. L’indulgence qu’on a pour les femmes qui font l’amour, est moins une grâce à leur péché, qu’une justice à leur faiblesse.

SUR LA RELIGION.

Je pourrois descendre à beaucoup d’autres singularités, qui regardent la justice ; mais il est temps de venir à la religion, dont le soin nous doit occuper, avant toutes choses. C’est affaire aux insensés, de compter sur une vie qui doit finir et qui peut finir à toute heure.

La simple curiosité nous feroit chercher, avec soin, ce que nous deviendrons après la mort. Nous nous sommes trop chers, pour consentir à notre perte tout entière. L’amour propre résiste, en secret, à l’opinion de notre anéantissement. La volonté nous fournit, sans cesse, le désir d’être toujours ; et l’esprit, intéressé en sa propre conservation, aide ce désir de quelque lumière, dans une chose d’elle-même fort obscure. Cependant le corps, qui se voit mourir sûrement, comme s’il ne vouloit pas mourir