Page:Œuvres mêlées 1865 Tome I.djvu/565

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II. Quand nous entrons dans la dévotion, il nous est plus aisé d’aimer Dieu que de le bien servir. La raison en est que nous conservons un cœur accoutumé à l’amour, et une âme qui avoit beaucoup d’habitude avec les vices. Le cœur ne trouve rien de nouveau, dans ses mouvements : il y a beaucoup de nouveauté, pour une âme déréglée, dans les sentiments de la vertu. Ainsi, quelque changement qu’il paroisse, on est toujours le même qu’on a été. On aime comme on aimoit : on est injuste, glorieux et intéressé, comme on l’étoit auparavant.

III. La vraie dévotion est raisonnable et bienfaisante : plus elle nous attache à Dieu, plus elle nous porte à bien vivre avec les hommes.

IV. La vie des religieux est la même, pour la règle ; mais inégale, par l’inégalité de l’assiette où se trouvent les esprits.

V. Le doute a ses heures dans le couvent : la persuasion les siennes. Il y a des temps où l’on pleure les plaisirs perdus, des temps où l’on pleure les péchés commis.

VI. La meilleure de toutes les raisons pour se résoudre à la mort, c’est qu’on ne sauroit l’éviter. La philosophie nous donne la force d’en dissimuler le ressentiment, et ne l’ôte pas :