Page:Œuvres mêlées 1865 Tome I.djvu/586

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nesse et la santé, que dans la vieillesse et la maladie.

L’indolence et la tranquillité, ce bonheur des malades, et des paresseux, ne pouvoit pas être mieux exprimé qu’il ne l’est dans ses écrits : la volupté sensuelle n’est pas moins bien expliquée, dans un passage formel qu’allègue Cicéron expressément3. Je sais qu’on n’oublie rien, pour le détruire, ou pour l’éluder : mais des conjectures peuvent-elles être comparées, avec le témoignage de Cicéron, qui avoit tant de connoissance des philosophes de la Grèce et de leur philosophie ? Il vaudroit mieux rejeter, sur l’inconstance de la nature humaine, l’inégalité de notre esprit. Où est l’homme si uniforme qui ne laisse voir de la contrariété, dans ses discours et dans ses actions ? Salomon mérite le nom de Sage, autant qu’Épicure, pour le moins, et il s’est démenti également, dans ses sentiments, et dans sa conduite. Montaigne, étant jeune encore, a cru qu’il falloit penser éternellement à la mort, pour s’y préparer : approchant de la vieillesse, il chante, dit-il, la palinodie : voulant qu’on se laisse conduire doucement à la nature, qui nous apprendra assez à mourir.

Monsieur Bernier, ce grand partisan d’Épi-


3. Cicéron, Tusculan. quæst. III. 18.