Page:Œuvres mêlées 1865 Tome I.djvu/597

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La feue reine de Portugal1, aussi capable de se conduire elle-même, dans le repos, que de gouverner un État, dans l’agitation, eut envie de se faire religieuse, lorsqu’elle remit le gouvernement entre les mains de son fils2 ; mais, après avoir examiné les règles de tous les ordres, avec autant de soin que de jugement, elle n’en trouva point qui laissât au corps les commodités nécessaires, et à l’esprit une raisonnable satisfaction. Il est certain que l’idée du couvent est assez douce à qui cherche l’innocence et le repos ; mais, il est difficile d’y trouver la douceur que l’on s’est imaginée. Si on l’y rencontre, quelquefois, ce qui est bien rare, on n’en jouit pas longtemps ; et la meilleure précaution qu’on puisse avoir pour n’y entrer pas, c’est de songer que presque tous les religieux y demeurent à regret, et en sortent, quand il leur est possible, avec joie.

Je souhaiterois que nous eussions des so-



1. Louise de Guzman, fille du duc de Médina Sidonia, et femme de Jean duc de Bragance, proclamé, en 1640, roi de Portugal, sous le nom de Jean IV. Voy. les Révolutions de Portugal, de l’abbé de Vertot.

2. Jean IV mourut en 1656. Alphonse VI, son fils aîné, âgé seulement de treize ans, lui succéda, sous la régence de la reine Louise. Cette princesse, douée d’un esprit très-élevé, garda le gouvernement jusqu’en 1662, époque de la majorité de son fils. Elle mourut le 26 février 1666.