Page:Œuvres mêlées 1865 Tome I.djvu/95

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à laquelle nous rendrons bientôt la part d’importance qui lui revient dans l’histoire intellectuelle de notre pays ; la seconde est une profession de foi politique, honnête et modérée, à laquelle Saint-Évremond est resté fidèle toute sa vie ; la troisième est l’analyse ingénieuse d’un sentiment délicat qui a beaucoup occupé le dix-septième siècle, celui de l’amitié. Ces trois ouvrages, à ne les considérer qu’au point de vue littéraire, ont une valeur singulière, par leur date même, comme monuments de la prose françoise.

Cette date (1647) est attestée par Des Maizeaux, qui est ici l’organe de Saint-Évremond lui-même, à qui on ne peut refuser créance en ce point. Hésitât-on à l’en croire, ces opuscules portent leur date en eux-mêmes et sont unis entre eux par un lien qui est visible aux yeux les moins clairvoyants. Ils ont été destinés au salon de Mme de Sablé, alors établie à la place Royale. Je viens d’écrire un nom qui brûle ma plume. Je demande, très-humblement, à un grand écrivain, la permission de courir un moment ici sur ses terres, et d’y recueillir, s’il se peut, quelques épaves échappées de ses mains, dans le voyage charmant où il convie ses lecteurs, à travers le dix-septième siècle. Tout me prouve la destination des trois opuscules de Saint-Évremond : une dédicace, écrite par l’éditeur Barbin en 1668 ; le genre particulier d’ouvrage dont il s’agit ; enfin, les relations intimes qui ont dû exister entre Saint-Évremond et la marquise de Sablé.

On connoît le goût du temps, et spécialement de la société de Mme de Sablé, pour les Maximes ou Pensées. Dans les trois compositions dont il s’agit,