Page:Œuvres mêlées 1865 Tome II.djvu/121

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ce qui lui fit donner des bornes à l’empire, quelque interprétation qu’ait donnée Tacite à un si sage dessein3. Enfin, il se laissa peu aller à l’opinion, au bruit, à la vanité. Il estima la réputation solide, qui rend la vie des hommes plus douce et plus sûre.

Il est bien vrai qu’Auguste n’avoit qu’un talent médiocre pour la guerre ; et pour louer sa sagesse et sa capacité, il ne faut pas louer sa vertu, en toutes choses.

Hirtius et Pansa conduisirent la première guerre contre Antoine4, dont Auguste seul profita. Il acquit peu de gloire dans celle de Brutus, qui fut conduite et achevée par Antoine. La perte d’Antoine fut un effet de sa passion pour Cléopâtre, et de la valeur d’Agrippa. Auguste eut peu de part aux combats et gagna l’empire. Ce n’est pas qu’il ne se soit trouvé en plusieurs occasions, et qu’il n’ait été blessé même en quelqu’une, mais avec plus de succès pour les affaires, que de gloire pour


3. Addideratque, dit Tacite, parlant d’un Mémoire qu’Auguste avoit laissé écrit de sa propre main, consilium coercendi intra terminos imperii : incertum metu an per invidiam. Annal., I, ii.

4. Marc-Antoine, qui assiégeoit D. Brutus dans Modène. Antoine fut défait devant cette ville ; mais les deux consuls Hirtius et Pansa y périrent. Tout cela contribua beaucoup à l’élévation d’Auguste, qu’on appeloit alors Octavius César. (Des Maizeaux.)