Page:Œuvres mêlées 1865 Tome II.djvu/137

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juste et violent d’en ôter et d’en établir, à leur fantaisie. Ainsi, les liens du gouvernement furent rompus ; et les devoirs de la société venant à manquer, on ne travailloit plus qu’à la ruine de ceux qui obéissoient, où à la perte de ceux qui devoient commander. Une si étrange confusion doit s’attribuer, principalement au méchant naturel des empereurs, et à la brutale violence des gens de guerre : mais, si on veut remonter jusqu’à la première cause, on trouvera que ce méchant naturel étoit autorisé par l’exemple de Tibère, et le gouvernement établi sur les maximes qu’il avoit laissées.

Comme les plus concertés ne s’attachent pas toujours à la justesse des règles, les plus déréglés ne suivent pas éternellement le désordre de leurs inclinations et de leurs humeurs. On ajoute, pour le moins, une politique à son tempérament. Ceux même qui font toutes choses sans y penser, y reviennent par réflexion quand elles sont faites, et appliquent une conduite d’intérêt aux purs mouvements de la nature. Mais, que les empereurs ayent agi par naturel, par politique, ou par tous les deux ensemble ; je maintiens que Tibère a corrompu tout ce qu’il y avoit de bon, et introduit tout ce qu’il y a eu de méchant dans l’empire.

Auguste qui avoit des lumières pures et dé-