Page:Œuvres mêlées 1865 Tome II.djvu/144

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reur de religion, par des paroles assez impies3. Salluste lui fait dire que la mort est la fin de tous les maux ; qu’au-delà, il ne reste ni souci, ni sentiment pour la joie4.

Mais, comme les hommes, quelque grands qu’ils soient, comparés les uns aux autres, sont toujours foibles, défectueux, contraires à eux-mêmes, sujets à l’erreur ou à l’ignorance ; César fut troublé d’un songe qui lui prédisoit l’empire, et se moqua de celui de sa femme, qui l’avertissoit de sa mort. Sa vie répondit assez à sa créance. Véritablement, il fut modéré en des plaisirs indifférents ; mais il ne se dénia rien des voluptés qui le touchoient. C’est


3. Voici les vers de Lucain, livre III, vers 432-439.

Implicitas magna Cæsar terrore Cohortes
Ut vidit, primus raptam librare bipennem
Ausus, et aëriam ferro proscindere quercum,
Effatur merso violata in robora ferro :
Jam ne quis vestrum dubitet subvertere silvam ;
Credite me fecisse nefas. Tunc paruit omnis
Imperiis non sublato secura pavore
Turba, sed expensa superorum et Cæsaris irâ.

C’est-à-dire, selon la traduction de Brebeuf :

Il querelle leur crainte, il frémit de courroux,
Et, le fer à la main, porte les premiers coups.
Quittez, quittez, dit-il, l’effroi qui vous maîtrise ;
Si ces bois sont sacrés, c’est moi qui les méprise :
Seul, j’offense aujourd’hui le respect de ces lieux,
Et seul, je prends sur moi tout le courroux des dieux.

4. In luctu atque miseriis, mortem ærumnarum requiem, non cruciatum esse ; eam cuncta mortalium mata dissolvere ; ultra neque curæ, neque gaudio locum esse. De conjuratione Catilinæ, cap. li.