Page:Œuvres mêlées 1865 Tome II.djvu/164

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dont ils ne deviennent capables par l’application et l’expérience. Mais quand ils viennent à s’établir dans les cours, on les voit grossiers au choix des gens, sans aucun goût du mérite, ridicules dans leurs dépenses et dans leurs plaisirs.

Nos ministres, en France, sont tout à fait exempts de ces défauts-là, je le puis dire de tous sans flatterie, et m’étendre un peu sur M. de Lionne3, que je connois davantage. C’est en lui proprement que les talents séparés se rassemblent ; c’est en lui que se rencontrent une connoissance délicate du mérite des hommes, et une profonde intelligence des affaires.

Dans la vérité, je me suis étonné mille fois qu’un ministre qui a confondu toute la politique des Italiens, qui a mis en désordre la prudence concertée des Espagnols, qui a tourné dans nos intérêts tant de princes d’Allemagne, et fait agir, selon nos desseins, ceux qui se remuent si difficilement pour eux-mêmes ; je me suis étonné, dis-je, qu’un homme si consommé dans les négociations, si profond dans les affaires, puisse avoir toute la délicatesse


3. Le comte de Lionne, dont il a été déjà question au tome I, page 109, et dans l’Introduction. Hugues de Lionne étoit, en ce temps-là, ministre des affaires étrangères.