Page:Œuvres mêlées 1865 Tome II.djvu/165

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des plus polis courtisans pour la conversation et pour les plaisirs. On peut dire de lui ce qu’a dit Salluste d’un grand homme de l’antiquité : que son loisir est voluptueux, mais que par une juste dispensation de son temps, avec la facilité du travail dont il s’est rendu le maître, jamais affaire n’a été retardée par ses plaisirs4.

Parmi les divertissements de ce loisir, parmi ses occupations les plus importantes, il ne laisse pas de donner quelques heures aux belles-lettres, dont Atticus, cet honnête homme des anciens, n’avoit pas acquis une connoissance plus délicate dans la douceur de son repos, et la tranquillité de ses études. Il sait de toutes choses infiniment, et la science qui gâte bien souvent le naturel, ne fait qu’embellir le sien : elle quitte ce qu’elle a d’obscur, de difficile, de rude, et lui apporte pleinement tous ses avantages, sans intéresser la netteté et la politesse de son esprit. Personne ne connaît mieux que lui les beaux ouvrages ; personne ne les fait mieux : il sait également juger et produire ; et je suis en peine si on doit estimer plus en


4. Igitur Sulla gentis patritiæ nobilis fuit, familia prope jam exstincta majorum ignavia, litteris Græcis atque Latinis juxta atque doctissimè eruditus, anima ingenti : cupidus voluptatum, sed gloriæ cupidior, otio luxurioso esse, tamen ab negotiis numquam voluptas remorata, etc. Salluste, de Bello Jugurt. 95.