Page:Œuvres mêlées 1865 Tome II.djvu/174

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Vieuville, qui, selon mon sens, n’avoient aucune raison.

Il y a des insinuations honnêtes, dont le moins artificieux se peut servir ; il y a des complaisances aussi éloignées de l’adulation que de la rudesse. Comme M. de Candale avoit l’âme passionnée, je mêlois dans nos entretiens ce que je connoissois de plus tendre. La douceur de son esprit faisoit une certaine délicatesse ; et de cette petite délicatesse il se formoit assez de discernement pour les choses qui n’avoient pas besoin d’être approfondies. Outre le naturel, il y tournoit son esprit par étude ; et par étude, je lui fournissois des sujets où il pouvoit employer cette espèce de lumière. Ainsi, nous nous séparions sans aucun de ces dégoûts qui commencent à la fin des conversations ; et content de moi, pour l’être de lui, il augmentoit son amitié à mesure qu’il se plaisoit davantage.

Ceux qui cherchent de la docilité dans les esprits, établissent rarement la supériorité du leur, sans faire sentir avec chagrin une humeur impérieuse. Le mérite ne fait pas toujours des impressions sur les plus honnêtes gens ; chacun est jaloux du sien jusqu’à ne pouvoir souffrir aisément celui d’un autre. Une complaisance mutuelle concilie ordinairement les volontés ; néanmoins, comme on donne autant par là