Page:Œuvres mêlées 1865 Tome II.djvu/184

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texte d’honorer la confiance ou l’inclination du prince. Les plus corrompus, dont le nombre est grand, portent leur servitude où ils croient trouver leur fortune, et ceux qui s’abandonnent le moins ne laissent pas de se faire un mérite de leur souplesse. On voit bien quelques faux généreux, qui mettent ridiculement leur honneur à mépriser les ministres ; on voit des esprits rudes qui pensent être fermes, mais il est peu de gens habiles et honnêtes, qui sachent conserver de la dignité en ménageant leurs affaires. À le bien prendre, tout cède à nos favoris, si la cour ne sort pas de sa situation ordinaire.

« Pour le mérite de la guerre, il apporte une considération fort grande ; et quand on a commandé dignement de grosses armées, il reste une impression de cette autorité, qui se conserve dans la cour même. On honore avec plaisir un général qui a fait acquérir de l’honneur : ceux même qui en ont le moins acquis se souviennent agréablement des fatigues dans la mollesse. On s’entretient des actions passées dans l’inutilité présente ; on rappelle la mémoire du péril, dans la sûreté : l’image de la guerre enfin ne se présente point, dans la paix, sans un souvenir du commandement qu’on a exercé sur nous, et de l’obéissance que nous avons rendue.

« C’est à ce mérite de la guerre que l’am-