Page:Œuvres mêlées 1865 Tome II.djvu/188

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doive estimer davantage, et avec qui l’on puisse entretenir plus longtemps une confidence sans soupçon et une amitié sans dégoût. Quelques plaintes que l’on fasse de la corruption du siècle, on ne laisse pas de rencontrer encore des amis fidèles ; mais la plupart de ces gens d’honneur ont je ne sais quoi de rigide qui feroit préférer les insinuations d’un fourbe à une si austère fidélité. Je remarque dans ces hommes, qu’on appelle solides et essentiels, une gravité qui vous importune, ou une pesanteur qui vous ennuie. Leur bon sens même, pour vous être utile une fois dans vos affaires, entre mal à propos tous les jours dans vos plaisirs. Cependant, il faut ménager des personnes qui vous gênent, dans la vue que vous pourrez en avoir besoin ; et parce qu’ils ne vous tromperont pas, quand vous leur confierez quelque chose, ils se font un droit de vous incommoder, aux heures que vous n’avez rien à leur confier. La probité de M. de Ruvigny, aussi propre que la leur pour la confiance, n’a rien que de facile et d’accommodant pour la compagnie : c’est un ami sûr et agréable, dont la liaison est solide, dont la familiarité est douce, dont la conversation est toujours sensée et toujours satisfaisante.

« La prison de M. le prince a fait sortir de la cour une personne considérable que j’honore