Page:Œuvres mêlées 1865 Tome II.djvu/204

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vertu des gens d’Église est de se donner tout entiers aux choses ecclésiastiques ; et ceux que leur ambition a poussés au maniement des affaires, ont essuyé mille reproches d’avoir corrompu la sainteté de vie où ils s’étoient destinés. Les gens de robe sont traités de ridicules, aussitôt qu’ils veulent sortir de leur profession ; et un homme de guerre ordinairement a de la honte de savoir quelque chose au delà de son métier.

Il est certain néanmoins que les diverses applications des anciens formoient une capacité bien plus étendue ; les mêmes personnes apprenant à bien employer les forces de la république et à contenir les peuples par la révérence de la religion et par l’autorité des lois. C’étoit un grand avantage aux magistrats d’être maîtres des plus fortes impressions qui se fassent sur les esprits, et de saisir tous les sentiments par où ils sont disposés à la docilité, ou contraints à l’obéissance. Ce n’en étoit pas un moindre aux généraux d’avoir appris dans les secrets de leur religion à pouvoir inspirer leurs propres mouvements, et à les faire recevoir avec le même respect que s’ils avoient été inspirés véritablement par les dieux ; d’avoir l’art de tourner toutes choses en présages de bonheur ou d’infortune, et de savoir à propos remplir les soldats de confiance ou de crainte.