Page:Œuvres mêlées 1865 Tome II.djvu/216

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courages, qui les distingue, comme il y a quelque singularité dans les esprits, qui en fait la différence. Le courage du maréchal de Châtillon12 étoit une intrépidité lente et paresseuse : celui du maréchal de la Meilleraye13 avoit une ardeur fort propre à presser un siége, et un grand emportement dans les combats de campagne. La valeur du maréchal de Rantzau14 étoit admirable pour les grandes actions ; elle a pu sauver une province, elle a pu sauver une armée ; mais on eût dit qu’elle tenoit au dessous d’elle les périls communs, à la voir si nonchalante pour les petites et fréquentes occasions où le service ordinaire se faisoit. Celle du maréchal de Gassion15, plus vive et plus agissante, pouvoit être utile à tous les moments : il n’y avoit point de jour qu’elle ne donnât à nos troupes quelque avantage sur les ennemis. Il est vrai qu’on la voyoit moins libre à la vue d’une grosse affaire. Ce maréchal, si aventu-


12. Gaspard de Coligny, maréchal de France, mort en 1646. Voy. son Histor., dans Tallemant, IV, 221.

13. Charles de la Porte, duc de la Meilleraye, maréchal de France, mort en 1664 ; beau-père de la duchesse Mazarin, et qui avoit rendu de si grands services au cardinal.

14. Josias, comte de Rantzau, de l’illustre maison de Rantzau, dans le duché de Holstein ; maréchal de France, mort en 1650.

15. Jean de Gassion, maréchal de France, mort en 1647, d’une blessure qu’il reçut au siège de Lens.