Page:Œuvres mêlées 1865 Tome II.djvu/224

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roit croire l’application qu’avoit Monsieur le Prince à l’observer : cherchant à profiter non-seulement de ses actions, mais de ses discours.

Il me souvient qu’il lui demandoit un jour, quelle conduite il voudrait tenir dans la guerre de Flandre. « Faire peu de siéges, répondit M. de Turenne, et donner beaucoup de combats. Quand vous aurez rendu votre armée supérieure à celle des ennemis, par le nombre et par la bonté des troupes (ce que vous avez presque fait par la bataille de Rocroi) ; quand vous serez bien maître de la campagne, les villages vous vaudront des places : mais on met son honneur à prendre une ville forte, bien plus qu’aux moyens de conquérir aisément une province. Si le roi d’Espagne avoit mis en troupes ce qu’il lui a coûté d’hommes et d’argent à faire des siéges et à fortifier des places, il seroit aujourd’hui le plus considérable de tous les rois. »

La première maxime de M. de Turenne, pour la guerre, est celle qu’on attribue à César : qu’il ne falloit pas croire avoir rien fait, tant qu’il restoit quelque chose à faire. À peine Philippsbourg avoit capitulé, qu’il se détacha avec ses troupes pour tomber sur le petit corps que Savelli et Colloredo commandoient : il y tomba, il le défit, il marcha à Spire, à Worms, à Mayence, qui se rendirent,