Page:Œuvres mêlées 1865 Tome II.djvu/228

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se retira le soir à Gien, où il reçut les applaudissements sincères que donne une cour, qui n’est pas encore bien rassurée du péril qu’elle a couru.

Un détail de ses services rendroit le caractère languissant : un seul tiendra lieu de tous les autres. Il trouva la cour si abandonnée, qu’aucune ville ne la vouloit recevoir : les parlements s’étoient déclarés contre elle, et les peuples, prévenus d’une fausse opinion du bien public, s’attachoient aveuglément à leurs déclarations. M. le duc d’Orléans étoit à la tête des parlements, Monsieur le Prince à celle des troupes ; Fuensaldagne s’étoit avancé jusqu’à Chauny, avec vingt mille hommes, et M. de Lorraine n’en étoit pas bien éloigné. Tel étoit l’état de cette cour malheureuse, quand M. de Turenne, après quelques siéges et quelques combats dont je laisse le récit aux historiens ; quand M. de Turenne la ramena malgré elle à Paris4, où le roi ne fut pas sitôt, que son rétablissement dans la capitale fit reconnoître son autorité par tout le royaume. La sûreté du roi bien établie au dedans, M. de Turenne fit sentir sa puissance au dehors, et réduisit l’Espagne à demander une paix qui fut son salut, ne pouvant continuer une guerre qui eût été sa ruine.



4. Voy. sup., dans ce volume, page 93, note 2.